UN CHANTIER-ÉCOLE À LA BIBLIOTHÈQUE PATRIMONIALE

Après des bibliothèques prestigieuses comme Sélestat, Avignon, Autun, Orléans, c’est dans la bibliothèque patrimoniale d’Avranches que les étudiantes de l’Institut national du patrimoine (INP) et leur enseignant ont choisi pour leur chantier-école. Pendant deux semaines, ces professionnels en devenir dédient leur attention et leurs soins à une série d’imprimés, grand format, du XVe au XIXe siècles.

Chantier-école, on définit

Pour consolider leurs acquis, mettre en pratique leurs connaissances et savoir-faire, apprendre à travailler en équipe et se placer en situation préprofessionnelle, les élèves restaurateurs participent chaque année à un chantier de conservation-restauration. Celui-ci peut se dérouler en France ou à l’étranger, et repose sur un échange. D’une part, les élèves sont encadrés par les responsables pédagogiques de l’INP et les responsables des collections des institutions qui les accueillent. D’autre part, l’institution d’accueil bénéficie d’un travail d’étude, de conservation préventive et/ou de traitement d’une partie de ses collections. Les protocoles établis par les élèves et leurs conclusions sont remis à l’institution d’accueil dans les mois qui suivent la fin du chantier-école.

Un travail d’ampleur pour restituer les qualités esthétiques et fonctionnelles des livres

À la bibliothèque patrimoniale d’Avranches, le chantier est encadré par Thierry Aubry, assistant d’enseignement de la spécialité « Arts graphiques – Livre » au département des restaurateurs de l’INP, Baptiste Étienne, responsable de la bibliothèque patrimoniale et Julie Calloch, chargée de collections imprimées. Ensemble, ils ont choisi de soumettre aux étudiants des interventions sur les ouvrages les plus abîmés des trois premières travées de la bibliothèque les plus visibles, c’est-à-dire ceux qui sont à hauteur de vue de toute personne qui visite la bibliothèque patrimoniale d’Avranches. « Notre souhait étant d’intégrer aussi à notre démarche la dimension esthétique que cette bibliothèque exceptionnelle présente et à laquelle notre intervention peut profiter » indique Thierry Aubry.

Les élèves restaurateurs ont pour mission de réaliser des opérations d’ordre préventif et curatif :  dépoussiérage, petites réparations, fixations des « coiffes », placement de papier de conservation… Il s’agit d’agir sur les aspects actuels qui se dégraderont le plus rapidement. À quelques exceptions près, ce ne sont pas des interventions lourdes, qui nécessiteraient beaucoup de temps. En revanche, c’est un traitement en volume qui vise à restituer les qualités esthétiques et fonctionnelles des livres.

Le coût du projet est partagé entre la Ville d’Avranches (4100 € pour l’hébergement et les déplacements), et l’INP (3700 € pour les fournitures professionnelles et l’encadrement). Un montant largement compensé par le travail accompli, et qui permet surtout de créer des partenariats avec des établissements prestigieux comme l’INP, de faire connaître Avranches et ses collections, et enfin qui permet à de futures professionnelles de la restauration de parfaire leur formation.

REPÈRES : L’Institut national du patrimoine (INP)

L’Institut national du patrimoine, véritable référence tant dans le domaine des musées que du livre, est un établissement d’enseignement supérieur du ministère de la culture. Il a pour mission le recrutement par concours et la formation d’application des conservateurs du patrimoine de l’État, de la fonction publique territoriale et de la Ville de Paris et la formation des restaurateurs du patrimoine qualifiés pour travailler sur les collections publiques. Le département des restaurateurs délivre un diplôme de grade de master, dispensé après 5 années d’études qui font s’alterner enseignements théoriques et enseignements pratiques de la conservation restauration. Ce master confère à ses détenteurs l’habilitation à travailler sur les collections musées de France (article 452 du Code du patrimoine).