SAREPTA - Maison de Retraite

Sarepta - Diakonessen verein Sarepta

Maison de retraite fondée en 1903 à Dorlisheim.

Sarepta est créée à Dorlisheim le 23 Septembre 1903, à l’initiative du pasteur Paul Ziegelmeyer. Subventionnée par la Caisse d’Allocations Familiales dès 1950, l’établissement devient laïc en 1982 et se concentre sur l’accueil des personnes âgées dépendantes.

Après avoir exercé un premier ministère aux États-Unis, le pasteur Ziegelmeyer revient en Europe en 1894 et prend la direction d’une première institution hospitalière protestante à Ingwiller, le Neuenberg.

En 1903, aidé de diaconesses du Neuenberg, il fonde un nouvel établissement d’accueil et de soin à Dorlisheim.

Le nom de Sarepta trouve son origine dans le premier Livre des Rois de la Bible. En effet, il est choisi en référence à la ville phénicienne de Tsarephat, où le prophète Elie est envoyé par le Seigneur chez une veuve et son fils . En sa présence, les deux indigents n’auront à souffrir de la faim : leurs jarres d’huile et de farine ne désemplissent pas pendant la durée d’un hiver de famine.

La vocation d’assistance aux nécessiteux et aux plus faibles est inscrite dans le nom de Sarepta et se trouve ainsi formulée dans sa devise : “Venir en aide aux pauvres, aux malades et à tous ceux qui ont besoin d’aide et de secours”.

Le pasteur Ziegelmeyer dirige l’établissement jusqu’en 1936 en tant qu’Aumônier-Directeur. Il donne le culte en la chapelle dès sa construction en 1912. Des pasteurs extérieurs interviennent également.

En créant Sarepta, Paul Ziegelmeyer met en place une dynamique humaine de solidarité et de bonne volonté qui marque l’identité de l’établissement. La notion de communauté est fondamentale dans l’esprit du pasteur : communauté de vie et de moyens. Cette notion déborde le cadre de l’initiative protestante en ce que la ferveur des diaconesses fédère la population hors les murs de Sarepta. C’est tout un réseau humain d’aide et de partage qui se tisse peu à peu à partir du travail des diaconesses et du pasteur.

Communauté, vie quotidienne et organisation : 1903 - 1950

A sa fondation et jusqu’en 1982, Sarepta est dirigé par une administration composée du Directeur, du Conseil des Soeurs, de pasteurs et de médecins. L’établissement se développe sur la propriété privée de Paul Ziegelmeyer et compte trois bâtiments : Phoebe, où vivent le pasteur et sa famille  et qui accueille aujourd’hui l’administration, Siméon, toujours en service et Hanna, qui n’existe plus aujourd’hui.

Les premiers pensionnaires sont accueillis le 12 Novembre 1903 et sont déjà 58 en 1905. Les premières installations sont rudimentaires mais le confort s’installe peu à peu et l’on distingue bientôt trois catégories de chambres.

L’ancien pressoir du site est transformé en salles de bain, l’étable devient un dortoir pour hommes et une lingerie, 10 chambres sont créées dans le séchoir. Malgré tout, l’établissement ne peut prendre en charge l’ensemble des personnes en demande de soins, c’est pourquoi des stations extérieures sont créées. Les diaconesses parcourent donc les routes pour rencontrer les malades et nécessiteux. En 1910, on compte 5 stations, notamment à Woerth, au Lazaret de Cronenbourg,  à Hoerdt, Dettwiller, Lembach et Markirch. Le nombre des soeurs augmente lui aussi. D’une dizaine à la fondation, les effectifs passent à 17 en 1911 et à 27 en 1912.  Des stations ouvrent à Oberhoffen, Graffenstaden, Mittelbergheim, Grosenweiler et Hatten.

Les 25 premières années, 2 584 patients ont été suivis à la Maison Mère et dans les stations.

La demande croissante nécessite un agrandissement. Le 7 Juillet 1910 est posée la première pierre d’un nouveau bâtiment, Lazare, en lieu et place de l’actuel bâtiment d’accueil. En 1912, la chapelle est construite et 1925 marque la construction du bâtiment Ruth. Ce dernier est entrepris avec le concours financier des communautés protestantes américaines avec lesquelles Paul Ziegelmeyer entretient des contacts étroits. Le pasteur a voyagé aux États-Unis en 1924 accompagné des soeurs Maria Hamm et Louise Lortz pour réunir les fonds nécessaires. Outre le soutien financier, les bienfaiteurs américains de Sarepta envoient régulièrement des colis alimentaires, des conserves de viande et de légumes.

Ces soutiens en nature affluent également de toute la région. En effet, de nombreuses communes environnantes contribuent régulièrement aux actions de Sarepta en offrant de la nourriture, du matériel ou de la main d’oeuvre. Il en va de même pour les particuliers de Dorlisheim. Ces dons sont spontanés ou recueillis lors des collectes régulièrement organisées.

Au fil des ans, des équipements mécaniques professionnels sont acquis pour la cuisine et le chauffage au coke est installé en 1939.

L’autonomie domestique est un aspect important de la vie de la communauté. Dès 1907, deux parcelles jouxtant le domaine sont acquises et transformées en potager. Celui-ci couvre 23 ares en 1925. En 1924, l’élevage d’animaux débute avec l’achat d’une vache. Par la suite, des cochons et un poulailler le complèteront. En 1934, une petite ferme voisine nommée Bagatelle est prise en location. Elle sera exploitée jusqu’en 1951 et se situait sur l’actuel emplacement du PASA.

Guerres

Lors de la première guerre mondiale, Sarepta est transformée en hôpital militaire , du 8 Août 1914 au 19 Novembre 1917. L’Alsace est alors une région indépendante au sein de l’Empire Allemand, aussi Sarepta reçoit-elle un financement de son gouvernement pour prendre en charge les soldats blessés. Ce financement lui permet de continuer à prendre soin de ses malades également.          A l’issu de la guerre, 6 soeurs sont décorées de la Roten Kreuz et, l’Alsace étant redevenue française, le nom de Sarepta se francise en l’ “Association des Diaconesses Sarepta, Maison Mère des Diaconesses”.

La situation est différente entre 1939 et 1945, où l’Alsace est occupée par l’Allemagne. L’établissement est réquisitionné, la direction remplacée par Charles Schmidt et la priorité transférée de l’accueil des malades à l’internement des personnes dépendantes. Sarepta intègre la Commission Centrale pour la Mission Intérieure Allemande; le pavillon Ruth est transformée en quartiers pour une compagnie militaire. On sait par ailleurs que Paul Ziegelmeyer subit des pressions de l’occupant, mais qu’il échappe au projet d’enfermement à Schirmeck.

Les réunions du Conseil d’Administration sont suspendues du 26 Septembre 1940 au 4 Août 1945. Avec la libération, Sarepta retrouve son autonomie et redouble d’efforts pour mener à bien sa mission, particulièrement cruciale après-guerre. Le pasteur Ziegelmeyer décède la même année.

Diaconesses

Leur courage et leur générosité sont encore aujourd’hui inscrits dans les mémoires.                       Les diaconesses font partie de l’histoire de la commune et en sont une figure emblématique.

Avant la seconde guerre mondiale, leur mission revêt un caractère caritatif et médical qui se meut en action humanitaire après 1945 et jusqu’en 1950. Leur nombre a baissé et elles ne sont plus que 20 pour prendre en charge la misère humaine physique et psychologique des populations dont elles ont été les infirmières quelques années auparavant.

Leur proximité avec les résidents de Sarepta et les habitants du village est très grande; on leur fait confiance.

Soeur Lydia Zimmermann, installée diaconesse en 1953, venue du Diaconat de Strasbourg et formée aux soins infirmiers à Riehen, en Suisse, est aujourd’hui résidente de Sarepta. Elle évoque

les conditions matérielles difficiles, le manque de personnel et les longues journées qui en découlent - bien souvent de 6h00 à 23h00. Elle rappelle aussi la gestion économe et raisonnée des ressources, l’échange des peaux de lapins de la ferme contre des graines de semence de fleur, les dons de gibier abattu accidentellement, de bredele à Noël, les visites aux villageois solitaires le soir de Noël. Elle rappelle l’immense solidarité au sein de Sarepta et envers l’établissement.

Les soeurs assurent également la formation de jeunes filles bénévoles en matière d’économie domestiques. Ces apprenties sont logées dans deux chambres aménagées dans le Pavillon Phoebe dès 1907.

Dès 1924, l’administration fait l’acquisition d’une parcelle au Hohrodberg afin d’y construire un chalet de vacances pour les soeurs. Il sera inauguré en 1930.

En 1920, un caveau est acquis par Sarepta pour la communauté religieuse au cimetière municipal. L’établissement offre également la réfection du mur d’enceinte des lieux.

La communauté des Diaconesses de Sarepta est dissoute en 1982. Depuis les années 1970, les politiques de maintien des personnes âgées à domicile a fait baisser le nombre de pensionnaires. Ceci implique que les résidents sont dorénavant des personnes requérant des soins de plus en plus sophistiqués. Face à cette nouvelle prérogative, le personnel se professionnalise. Une direction laïque est nommée le 14 Janvier 1982. Les soeurs Jeanne, Mina et Frida demeurent comme résidentes, soeur Annette rejoint un autre établissement et soeur Lydia devient salariée de Sarepta.

Chapelle

Avant l’inauguration de la chapelle le 1er Décembre 1912, le culte est célébré dans la salle à manger. Financée par le don du culte, la chapelle reçoit en don ses vitraux, son mobilier et les soeurs réalisent tous les ouvrages en tissu. Elle présente un plan basilical à chevet plat, trois couples de vitraux dans les bas-côtés, une voûte en berceau aplatie en son sommet et est surmontée d’un petit clocher hexagonal.

Le 1er Mars 1968, un orgue Muhleisen est installé et inauguré. La célébration intronise également soeur Jacqueline Knoederer. Cet orgue joue 56 notes, possède une mécanique à balancier et des sommiers à gravure.

La chapelle accueille aujourd’hui les cultes protestant et catholique, selon un simultaneum que la commune a déjà connu en son temple.

Modernisation et extension : depuis 1950

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la dévaluation du franc amplifie les difficultés matérielles des populations. La Caisse d’Allocations Familiales débute la subvention de Sarepta afin d’en permettre la continuité. Le fonctionnement administratif et économique se modernise et l’établissement intègre la Fédération des Oeuvres Évangéliques le 7 Juin 1951. L’organisation relaie des demandes de prêts et de subventions auprès de l’État.

La modernisation s’applique aussi aux infrastructures, en commençant par le pavillon Ruth, victime d’un incendie au dernier étage en 1946. Une tempête détruit le toit provisoire dont la réfection sera financée par des dons et des emprunts.

C’est en 1982 que la structure administrative se modifie fondamentalement. La dissolution de la communauté des diaconesses et la nomination d’une direction laïque transforment l’initiative caritative protestante en une maison de retraite médicalisée.

La modernisation du site débute avec la démolition du pavillon Lazare en 1987. Il est entièrement reconstruit et inauguré en 1989. Une liaison à couvert le relie au pavillon Ruth. Ce couloir entièrement vitré englobe le chevet de la chapelle et y permet un accès depuis l’intérieur du bâtiment. Le réfectoire et les cuisines sont totalement rénovés eux aussi et mis en conformité. En 1997, c’est le pavillon Siméon qui est entièrement réhabilité. Il accueille des personnes vieillissantes en situation de handicap et salariées en CAT. Des lieux de vie communs et des cuisines collectives incitent les résidents de ce pavillon à l’autonomie.

Le 3 Mars 1998 est inauguré l’unité Elie, l’EHPAD de Sarepta. Cet Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes prend en charge les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Enfin, l’extension du PASA - Pôle d’Activités et de Soins Adaptés - est en cours en 2013, derrière le pavillon Ruth.

Aujourd’hui, Sarepta est un EHPAD moderne équipé de 132 lits en chambres individuelles possédant toutes salle de bain et commodités. En outre, 14 places d’accueil de jour sont disponibles.

Sarepta, 4 rue Luther, 67120 Dorlisheim.

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