Horloge de l'église

Le 26 février 1872, le conseil municipal délibère en présence de FAURY (forgeron), FAURY (menuisier), GARDIEZ (tailleur), GARDIEZ (propriétaire), BLANC, SIMÉTEIR, PECH, RICARDOU, GARDIEZ (maire).

Vu l'urgence et sur proposition de son président le conseil décide de voter la somme de cent francs pour réparer le clocher qui menace de s'écrouler et cents francs pour une réparation à l'horloge publique "à prendre sur les fonds disponibles". Cette décision est approuvée le 5 Mars 1872 par le préfet du Tarn. Ce document laisse à penser qu'il y avait une horloge antérieure à celle de nos jours, mais à l'époque, elle devait se contenter de sonner les heures sans avoir de cadran à l'extérieur. Il faut attendre le 10 Juin 1894 pour que le conseil délibère à nouveau sur le sujet et qu'il sollicite auprès du Sous-Préfet du Tarn l'autorisation d'acquérir une horloge publique financée comme suit :

1/ Une imposition extraordinaire de treize centimes trois sixièmes renouvelables en 1895 au principal des quatre contributions.

2/ Une demande de secours de sept cent cinquante francs au conseil général.

On peut estimer ce premier devis absent des archives, (perdu certainement dans les méandres de l'administration) à mille francs. Le 26 Juillet 1894 le conseiller général (le sous-préfet étant empêché) émet au vu des éléments fournis "entre autres" le nombre d'habitants, le nombre de conseillers municipaux et des finances de la commune, un avis favorable. Le 1er Septembre 1894 le sous-préfet informe le maire que le conseil général refuse de débloquer des fonds pour ledit achat, s'agissant là à son avis d'une dépense de luxe ! Le projet semble abandonné.

On peut se demander si au-delà des finances il était raisonnable de vouloir poser une horloge sur un clocher qui "menace ruine". Dans les années 1895/1896 s'ensuivra une joute entre préfecture et mairie afin d'obtenir la précieuse horloge. En 1895 un impôt extraordinaire avait été voté au profit de fontaines, mais ceci est une autre histoire. Il était alors impensable de désaffecter cette somme au profit d'une pendule fusse t'elle si désirée. Ce qui n'empêchait pas le maire Casimir COUZINIE de signer une convention le 14 Janvier 1896 avec les établissements E.GALINIER de PUYLAURENS (en deux exemplaires à la plume) mais ceux-ci resteront en mairie et le marché n'aura pas lieu. C'est en 1908 après la reconstruction du clocher qui a eu lieu en 1907 que l'affaire de l'horloge est relancée. Le 9 Août 1908 le conseil délibère à nouveau sur l'achat d'une horloge et sollicite après montage du dossier l'autorisation du préfet, celui-ci en autorise enfin l'achat par arrêté préfectoral du 15 Septembre 1908. Le financement se fera comme suit :

1/ Un impôt exceptionnel de sept centimes vingt centièmes de cts par addition aux principaux de ses quatre contributions directes en 1909 et 1910 produit estimé à mille francs.

2/Sur fonds de la commune à hauteur de six cents francs.

Après de nombreux courriers entre M. REY instituteur à ESCOUSSENS (vraisemblablement secrétaire de mairie) et M. Victor NEGRE horloger mécanicien à MONTOLIEU (Aude), ce dernier emportera le marché sur ses concurrents pour la somme de 1600Frs.Le maire Casimir COUSINIE signera le 9 Août 1908 un traité de gré à gré pour la fourniture d'une horloge avec M. NEGRE.

--ANECDOTES--

-Bien que les cadrans soient imprimés au nom de NEGRE HORLOGER, les initiales figurants sur les côtés de son support (A C) laissent à penser qu'il s'agit en fait d'Arsène CRETIN horloger à MORBIER (Jura) qui la lui aurait fabriquée.

-Le tampon de Célestin PUYO (charron et représentant de commerce à ESCOUSSENS) figure sur les devis des établissements CRETIN L'ANGE à Morbier (Jura). Il y a eu certainement entente entre M. NEGRE et M. CRETIN.

-Les établissements Elie BLANC de CASTRES ont fait connaître par courrier leur mécontentement d'avoir été évincé du marché au profit d'un concurrent et émettent des doutes sur l'honnêteté de l'adjudication.

-Les prix entre 1894 (premier devis) et 1908 ont augmenté de 600 Frs.

-M. FAURY (forgeron et ex-conseiller municipal) se plaint dans un courrier au maire et aux conseillers d'être écarté de tous travaux de la commune et sollicite le poste d'homme de surveillance à l'horloge que le conseil s'apprête à nommer.

-Le matériel est arrivé en gare de LABRUGUIERE le Mardi 13 Octobre 1908 par le train de 3 h 44 du soir. Le tout pesait environ 900 Kilos et a été acheminé à ESCOUSSENS par un roulier (conducteur routier de l'époque avec une charrette bien sûr !) l'horloge fut mise en service en fin de cette même semaine.

-L'horloge est garantie 10 ANS !

-La rumeur de l'époque dit qu'elle avait été achetée d'occasion ! Il n'en est rien.

--DE NOS JOURS--

En 2012 l'horloge est désactivée au profit d'un mécanisme électrique, M. CLEMENT adjoint aux travaux envisage alors avec l'accord de M. GUIRAUD maire, de préserver cette partie du patrimoine et qu'elle soit visible du plus grand nombre, de rapatrier cette œuvre mécanique dans les locaux de la mairie.

C'est avec le concours gracieux de M. CHABOSI professeur d'horlogerie et de trois stagiaires de l'école de reconversion professionnelle Vincent Auriol de MURET (Haute-Garonne) que M. CLEMENT et M. SALVIGNOL agent territorial réaliseront l'opération le 27 Janvier 2016.

M. CLEMENT et M. SLAVIGNOL finaliseront le travail de recherche en archives et de mise en fonctionnement de démonstration actuel.

Il sera fait appel à M. GRAND ébéniste à ESCOUSSENS pour la restauration et le montage en menuiserie.