Eglise Saint Saturnin

Attenante au château, l’église Saint-Saturnin occupe, avec lui, l’essentiel de la motte féodale qui domine le village de plusieurs mètres. Ensemble, ils forment un remarquable ensemble architectural.

L’église aurait été édifiée au XIVᵉ siècle, en intégrant des éléments plus anciens : une ancienne tour-salle et une tour de guet percée de meurtrières. Elle succéderait à une première chapelle castrale du XIᵉ siècle, érigée à l’emplacement de l’actuel cimetière. Cette première église dépendait de l’abbaye de Moissac, qui l’aurait conservée jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle.

Il est probable que le mur sud ait participé à l’enceinte du village. Cette première campagne de construction se distingue par sa maçonnerie appareillée, visible sur la quasi-totalité de l’édifice, ainsi que par les baies à remplage du chœur, de la chapelle seigneuriale (dont le remplage a disparu) et de la chapelle de la Vierge.

L’église aurait été « reconstruite » dans la première moitié du XVIᵉ siècle à l’initiative d’Arnaud de Grossoles, seigneur de Flamarens et neveu d’Hérard de Grossoles, évêque de Condom. On ignore l’ampleur exacte de cette campagne de travaux, datée grâce au chronogramme « 1545 » gravé au-dessus du portail d’entrée. Elle inclut très probablement le percement du portail nord de la nef ainsi que celui de la chapelle de la Vierge, comme en témoignent les éléments moulurés caractéristiques de l’époque. Cette seconde phase correspond aussi à une maçonnerie finement assisée, visible au droit des deux portails nord, de la chapelle nord-ouest, des colonnes engagées et de certains contreforts.

Commandée par un seigneur puissant, l’église Saint-Saturnin se distinguait par ses dimensions : 35 mètres de long, 10 mètres de large, avec une voûte en pierre culminant à treize mètres.

Mais moins de vingt-cinq ans après son achèvement, l’édifice est ravagé par les guerres de Religion. La voûte s’effondre et un plancher la remplace pendant plusieurs siècles. Une saignée dans un arc de la chapelle castrale témoigne encore de son emplacement.

Ce n’est qu’en 1898 que le Conseil de fabrique, en place depuis 1829, décide de lancer une restauration. Le projet de l’architecte agenais M. Pinètre prévoit une voûte en brique sur croisée d’ogives, reposant sur des piliers latéraux et des arcs doubleaux, la révision complète de la toiture, l’abaissement des croisées du chœur et la réfection des vitraux.

Mais les travaux, réalisés à moindre coût par un architecte trop optimiste et un maçon local, Yzombard, manquant d’expérience, souffrent rapidement de malfaçons.

Une nouvelle campagne est envisagée en 1932 mais ne voit pas le jour. En 1956, de graves fissures imposent la fermeture de l’édifice. Abandonnée durant une vingtaine d’années, l’église est envahie par le lierre et la végétation, accélérant sa dégradation. En 1969, la toiture s’effondre sur la voûte, qui cède à son tour en 1971. En 1976, les gravats bloquent l’accès et la nature reprend possession des lieux.

Face à cette situation alarmante, l’association Les Amis de Flamarens est créée en 1976. Jusqu’en 2001, elle finance l’ensemble des travaux de confortation grâce aux recettes de ses animations et aux subventions obtenues.

Mais en 2004, faute de moyens, le mur sud de la nef, non conforté, s’effondre, suivi un mois plus tard par celui de la chapelle castrale. L’édifice, alors gravement fragilisé, nécessite des interventions d’urgence. Dès 2005, les abords sont sécurisés et les zones les plus instables consolidées. En 2012, les maçonneries du clocher sont à leur tour renforcées.

Consciente de la valeur de l’église Saint-Saturnin et du château, la municipalité engage en 2019 un vaste chantier pour sauver définitivement l’édifice. La stabilisation des maçonneries et la restitution de la toiture permettent de le mettre hors d’eau. En 2023, les maçonneries du chœur sont sécurisées, rendant l’église entièrement accessible.

La nef a été rendue praticable grâce à un sol damé, conservant les vestiges du carrelage du XVIᵉ siècle. Une issue de secours a été ouverte par la réhabilitation d’une porte ancienne donnant sur la place, depuis la chapelle de la Vierge. Enfin, les décors muraux ont été purgés, stabilisés, et les baies restaurées pour accueillir de futurs vitraux.