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L'Eglise Saint-Jean Baptiste

L’église Saint-Jean Baptiste, édifice remarquable classé Monument Historique, fut élevée dans le courant du 12ème siècle par les habitants pour desservir l’agglomération née sous la protection du château. Elle dépendit dès l’origine de l’abbaye de Saint-Antonin dont elle fut un des nombreux prieurés. Telle qu’elle est aujourd’hui, elle appartient dans son ensemble au 14ème. Elle fut reconstruite en 1342, mais elle a été agrandie et modifiée par la suite ; elle fut consacrée par l’évêque de Cahors le 21 décembre 1533.
A l’extérieur, le chevet est d’une belle ordonnance avec ses hautes fenêtres à meneau et ses contreforts puissants ; il a été ajouté à la construction primitive de 1459 à 1470. Sur certains contreforts subsistent des consoles qui font penser à des machicoulis, et donc à un système de défense, mais il semble que ceux-ci n’aient jamais été terminés. L’élévation sud est très irrégulière et a été très remaniée, sans doute au 17ème siècle. L’élévation nord, qui domine les rues adjacentes, a un aspect robuste, sur la dernière travée s’ouvre un portail latéral couronné d’un gable assez lourd, du 14ème. Ce portail est encadré de colonnettes filetées dont le chapiteau-frise s’orne de feuillage, auquel se mêlent des monstres et de chimères ; on y voit, sous un arc trilobé, deux petites scènes : Crucifixion et Vierge à l’Enfant.
La façade occidentale a aussi un portail du 14ème plus petit que celui du nord, encadré d’une seule colonnette à chapiteau feuillagé. Le mur de cette façade assez austère dépasse notablement le toit, son pignon horizontal permet de croire qu’il y avait là à l’origine un clocher à arcades auquel il servait de base.
Après un incendie le clocher est rebâti en pierre en 1739. Il fait saillie sur le plan primitif de l’église. Au-dessus de la base carrée s’élève une tour octogonale de deux étages, couronnée d’une lourde flèche dont les huit pans s’incurve en forme de dôme.
L’intérieur comprend, avec le choeur heptagonal, une nef de trois travées inégales. L’ensemble est voûté d’ogives. La retombée des arcs se fait dans le choeur presque au sommet des colonnettes, ce qui donne à l’architecture une élévation et une légèreté remarquables. Les clés de voûte n’ont reçu aucune décoration. La première travée de la nef est de plan barlong et accostée de chapelles très hautes qui forment une sorte de transept ; ces chapelles sont une adjonction au plan primitif, mais à quelques années d’intervalle seulement. Il y a du côté sud une piscine aux ablutions sous un arc trilobé, et au nord un armarium géminé en tiers point ; les arcades de communication paraissent avoir été refaites au 17e après le sac de l’église par Duras (22 août 1562).
La seconde travée est aussi bordée de chapelles: A droite, celle dite de Lagardelle, a été fondée par la famille de ce nom, rendu célèbre par le chevalier de Livron. Du côté gauche se trouvent deux chapelles superposées : la chapelle inférieure, dédiée à Notre-Dame, fondée en 1500 par les héritiers de Pierre Delolm, riche marchand de Caylus ; son arcade est surbaissée, sa voûte à liernes et tiercerons présente des clés multiples, dont la principale s’orne de l’Agneau symbolique. La retombée se fait sur des consoles qui portent les attributs des Evangélistes et les armes de Delolm et de sa veuve. La chapelle supérieure, fondée par les Consuls en 1502, en l’honneur de saint Grat, a aussi une voûte ramifiée, elle est bordée d’une balustrade flamboyante; un escalier à vis, ménagé dans une cage circulaire, conduisait à cette chapelle.
Sur la dernière travée, à droite, une haute arcade était celle d’une autre chapelle, située à la base du clocher, qui a perdu sa voûte au 16e siècle; on y a par la suite créé un réduit pour les fonts baptismaux. La tribune en pierre qui occupe le fond de la nef est une oeuvre du 19e siècle.
Les pièces les plus marquantes du mobilier sont les vitraux du choeur, les seuls anciens du Tarn&Garonne. Celui du milieu comprend trente-deux médaillons quadrilobés sur fond bleu, illustrant autant de scènes de la vie du Christ, avec des personnages de l’Ancien Testament. Il date sans doute du milieu du 14ème siècle, mais plusieurs médaillons ont été refaits au 19ème. Le premier vitrail à droite est tout entier de facture récente. Les trois autres bien que restaurés, sont de la fin du 15ème; dans une architecture flamboyante se trouvent six panneaux contenant chacun un personnage en pied ; le jaune et le blanc y dominent.
On remarquera le beau maître-autel avec table monolithe mis en place lors de la restauration du choeur et doté à ce même moment d’une garniture en cuivre massif (croix et chandeliers de la fin du 18ème siècle). On ne peut manquer de s’arrêter devant le Christ monumental de Zadkine, oeuvre moderne d’expression saisissante, taillée dans un tronc. d’ormeau (1954). Parmi les pièces anciennes, il y a lieu de signaler une balustrade en fer forgé (18ème) ; un chandelier pascal Louis XVI en bois sculpté et peint ; un bénitier à godrons en pierre de 1678; les burettes d’une chapelle épiscopale en argent (fin du l8ème). Un armarium creusé dans le mur du choeur renferme une série de reliquaires en bois doré en forme de monstrance de style Empire.
Une inscription en lettres gothiques au-dessus de la porte de la sacristie commémore la consécration de l’église (1533) ; dans la nef une autre inscription du 17ème rappelle la venue de Louis XIII à Caylus (23 juin 1622). Le dallage en pierre conserve quelques pierres tombales des 17èmeet 18ème siècles.
Cette belle église évoque donc en ses murs toute l’histoire de la petite ville. L’église primitive de Caylus fut celle de Saint-Michel qui fut à l’origine celle du château. A partir de 1580, il n’en est plus fait mention. Elle avait alors cessé depuis longtemps d’être paroissiale. Son cimetière subsista seul jusqu’en 1773.

D'après le Dictionnaire des Paroisses (Chanoine Pierre Gayne/Editions Association Montmurat-Montauriol)