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La Noxe

Les eaux de ruissellement du plateau de la Brie et de la forêt de la Traconne sont drainées par un réseau complexe de fossés, d'étangs, de rus et de conduits souterrains, qui aboutit à la fontaine Vaunoise, au nord de Nesle-la-Reposte .

La Noxe nait de cette fontaine et se dirige vers le sud pour rejoindre la Seine près de Nogent sur-Seine, après un parcours d'une quinzaine de kilomètres.

Entre Neste et Villenauxe, les eaux dévalent les coteaux de la Brie sous une épaisse forêt. En période de sécheresse, elles disparaissent par endroits de la surface et poursuivent leur chemin dans un réseau souterrain formé de cavités rocheuses que les habitants de la région nomment les "gouffres ". Ces conduits ressortent partiellement en aval et les eaux ressurgissent en surface avant leur entrée à Dival..

À partir de ce lieu, la pente s'adoucit, le débit s'apaise et les eaux s'élargissent formant des marécages sur les rives de cours. Il semble que ces conditions furent propices à la sédentarisation de nos lointains ancêtres de la préhistoire. Outre l'eau indispensable à la vie, elles leur offrirent en effet des terres meubles aisément cultivables avec leurs outils rudimentaires, et des bois tendres et souples facilement utilisables pour leurs constructions. Ainsi, le modeste ruisseau pourrait-il être à l'origine de la formation des communautés humaines qui le bordent encore aujourd'hui.

Plus tard, le ruisseau fut une source de richesse pour ces communautés, grâce aux moulins qu'il fit tourner sur son parcours. On en a compté 18, dont 8 à l'intérieur de Villenauxe. Du Moyen Åge au 20 siècle, ces moulins fournirent de la farine à toute la région ; ils produisi rent aussi une matière première indispensable à la fabrication du cuir: la poudre de tan, obtenue par écrasement d'écorces de chêne; enfin, ils contribuèrent à la production du drap, dont ils assuraient le foulage.

À partir de Courtavant, le ruisseau fut aménagé en canal à la fin du siècle pour acheminer le bois et les foins à Paris via Nogent-sur-Seine. Ce canal, dont l'exploitation fut éphémère, est encore visible aujourd'hui dans la traversée de Courtavant.

Le ruisseau était autrefois désigné sous les noms les plus divers, correspondant généralement aux lieux qu'il traversait : la Vaunoise à Nesle, la Nozandre dans la vallée qui suit, la Noxe ou la Villenoxe dans la traversée de cette ville, la Barbuise à Barbuise, la Courtavonne à Courtavant, etc. Ce n'est qu'à la fin du 19 siècle que les cartographes pérennisèrent le nom de "Noxe" correspondant à la plus importante bourgade qu'il traversait et qui s'orthographiait encore indifféremment "Villenoxe" ou "Villenauxe ".

Ainsi, contrairement à une idée reçue, c'est la ville qui a donné son nom à la rivière, et non l'inverse.