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Eglise de Saint-Seurin de Cursac

      La première mention retrouvée de l'église de Saint-Seurin date de 1398 : Sanctus Severinus de Cursaco. Cependant, en 1307, Ithier Espleytat rend plusieurs hommages liges à l'archevêque de Bordeaux pour la dîme qu'il perçoit à Cars et à Saint-Seurin de cursac. La paroisse existait donc au début du XIVe siècle, mais nous la savons plus ancienne, par le simple fait que Saint Seurin, son patron fut évêque de Bordeaux aux premiers temps du christianisme. 

       De maigres éléments nous permettent de dater l'édifice primitif : les contreforts romans du clocher et à l'intérieur de l'église : un tailloir à damiers, décoration très courante à l'époque romane ; à l'entrée un doubleau avec des colonnes doubles, non sculptées. Ces quelques vestiges laissent à penser que l'église originale date du XIIe ou du XIIIe. 

      L'antique chapiteau de marbre transformé en bénitier (monument historique) pourrait laisser entendre qu'il existait un oratoire antérieur à cette époque (un autre chapiteau de marbre, mais plus vaste est à Saint-Genès de Blaye). 

      A l'origine, l'église était orientée différemment, le portail à l'ouest, le chevet à l'est. Le portail était en plein cintre, avec une voussure de trois rouleaux soutenue par deux colonnes de chaque côté. La façade pignon était arrêtée au sud par un clocher émergeant du corps de l'église, avec un contrefort à l'alignement de la façade.

A l'intérieur du clocher, un escalier à vis permettait d'accéder à la cloche.

      La nef unique laissait apparaître la charpente. Le chevet, séparé du reste de l'église par le doubleau agrémenté des doubles colonnes réalisant un arc plein cintre (ou brisé), surplombait l'édifice.   

      Le choeur était ouvert de quelques fenêtres hautes, une à droite, l'autre à gauche et le chevet plat laissait passer le jour par une, peut-être deux ou trois, fenêtres.

      Cette église sobre, solidement assise sur ses murs, resta ainsi jusqu'à la Renaissance. La reprise de main de la population par le clergé local est attesté à Saint-Seurin par la fondation en 1582 d'une confrairie de la décollation de Saint-Jean-Baptiste. A pareille époque fut bâti un collatéral gothique au sud de la nef. Nous connaissons son existence par le dessin qu'en a fait l'architecte blayais Aurélien Nadau en 1883. Nous retrouvons ainsi des contreforts gothiques et une porte extérieure à accolade, à côté d'une fenêtre ouvrant sur le sud. Ce linteau a sans doute été réutilisé au XIXè siècle pour la porte intérieure d'accès au clocher.

      Entre le XVIe et le XVIIe, l'église s'enrichit d'une sacristie à l'est et d'un porche à l'ouest, devant l'entrée. Différentes visites archiépiscopales nous permettent de connaître l'état du mobilier religieux pendant l'époque moderne : le tableau de Saint-Jean est en mauvais état en 1634, il semble avoir été remplacé peu après , toujours est-il qu'il signalé des 1692.La chaire est du côté de l'épitre, un ballustre ferme le sanctuaire. L'édifice présente la forme de deux vaisseaux agrandis, sanctuaire et chapelle latérale sont lambrissés, la nef le sera en 1753. A cette époque, l'église a une tribune, trois bancs d'oeuvres, une confrairie. La mission fondée par Claude de Saint-Simon avait eu lieu en 1745 et la paroisse, ainsi régénérée spirituellement comptant environ 80 pascalisants. 

      La petite commune  de Saint-Seurin de Cursac eut un sursaut d'énergie au XIXe siècle. Son église n'avait guère bénéficié de réparations, sinon de modestes entretiens, depuis l'Ancien régime. On parlait même de la raser, d'en construire une autre vers Fosseboudeau, d'unir Mazion et Saint-Seurin, etc... Quelques travaux effectués au chevet sous le Second Empire n'avaient pas suffi. 

      En 1882, le Conseil municipal, le curé, les habitants décident de restaurer leur église pour prouver leur volonté d'indépendance vis-à-vis de Mazion et démontrer que leur condition sociale leur permettait une certaine autonomie. Ainsi n'est-on pas surpris du résultat de la souscription qui est sans aucun rapport avec le taux de pratique religieuse.

      Aurélien Nadeau, architecte à Blaye est contacté, l'entrepreneur Effié présente son devis qui s'élève à 9.593 francs. Une souscription communale est lancée, elle amène la  somme de 9.920 francs. Les travaux peuvent commencer. 

      Les architectes, ou plutôt les entrepreneurs, de cette époque respectaient les orientations climatologiques traditionnelles. Cependant, dans le centre des bourgs ils préféraient - et les propriétaires également - avoir une façade sur la rue, quitte à ce qu'elle soit orientée plein nord. 

      Ainsi, l'ancienne église se trouvait-elle à l'ouest de la principale zone d'habitation et son portail d'entrée était-il à l'opposé de la voie d'accès naturelle. Dans ce nouveau contexte sociologique, où l'orientation liturgique traditionnelle étaient exclus, la façade principale fut tournée vers ce qui était devenu l'attraction commerciale de la commune : la route Blaye-Saintes autour de laquelle grossissait le village de Fosseboudeau (ce type de considération sociologique se retrouve dans de nombreux endroits, à Reignac, ou plus près à Saint-Androny. 

      Les travaux engagés sont considérables, le chevet plat, le collatéral, le mur de la nef, le porche et la sacristie sont démolis. Le tout fut reconstruit et changé de sens : la nef et deux collatéraux furent voûtés en plâtre et briquettes, ainsi que le choeur semi-hexagonal, la sacristie fut déplacée. Tout l'ensemble est resté structurellement inchangé depuis cette époque. 

                                                                                    Extrait "Les Cahiers du Vitrezais - Saint-Seurin de Cursac

                                                                                     Texte de Jean-Charles de Munain.