Eglise

L’église de Frontenard est placée sous le patronage de Saint Martin. A propos de l’invasion autrichienne et comtoise d’août 1636, lors de la Guerre de Trente Ans, Courtépée écrit en 1780 : « Les habitants furent presque tous massacrés le 16 août 1636. Une seule maison échappa à l’incendie… ». L’église aurait beaucoup souffert de cette mise à sac ; la nef, très probablement, dans laquelle les soudards de Gallas ont pu entasser des fagots avant d’y mettre le feu. Il subsiste de l’ancienne église, bâtie au XVe, un vaste chœur d’une douzaine de mètres de profondeur. Cette partie de l’église, de style gothique flamboyant, est formée de deux travées recouvertes d’une élégante voûte à arêtes moulurées reposant sur six corbeaux artistement sculptés. Quatre de ces corbeaux ou consoles, sur lesquels prennent naissance les ogives qui soutiennent la voûte, sont décorés des symboles des évangélistes, le taureau ailé, le lion ailé, l’aigle, l’homme ; leurs noms apparaissent sur les phylactères. Les deux autres corbeaux se terminent par des angelots ailés porteurs d’écus. Sur l’un, les initiales : J.G. L’autre est un écu armorié portant en chef, 2 étoiles, un chevron et en pointe une rose ; il s’agit peut- être des armes des seigneurs du moment de la construction de l’église (XVe). Peintures murales La partie ancienne de l’église comportait des peintures murales réalisées en 1547 à la demande du curé de l’époque. Le thème en était l’Annonciation, la Descente de croix et le Jugement dernier, scènes bien propres à éclairer les paroissiens d’alors. Ces peintures murales avaient en partie disparu et les parties qui subsistaient étaient dans un tel état qu’il sembla au vicomte de Truchis impossible de les restaurer. Il en fit rapport à la Commission des Antiquités du département de la Côte d’Or en 1893-1894, se proposant en conséquence sinon de restaurer les parties subsistantes, du moins de le faire pour les parties encore bien visibles et de compléter « la décoration dans le goût de la Renaissance du XVIe siècle… ». Ce sont ces peintures murales que l’on voit aujourd’hui. Elles représentent, du côté des « benedicti » (saints), les villageois en costume du XVIe. Elles sont d’une grande fraîcheur, mais mériteraient d’être elles- mêmes restaurées car l’humidité a commencé à faire des dégâts dans les parties basses, notamment. A gauche, l’Annonciation et le Christ mort sur les genoux de sa mère. Au centre, le Jugement dernier : le Christ assis préside au sommet de la baie axiale ; à sa droite, résurrection des morts et damnés ; à sa gauche, les élus. A droite, la Descente de croix. Les voûtes sont aussi recouvertes de peintures murales ornées de motifs floraux et de médaillons aux couleurs pastel d’un bel effet. Statuaire L’église contient les statues en plâtre dans la spiritualité du XIXe : sainte Jeanne d’Arc, sainte Thérèse de Lisieux, saint Joseph, ici une assez belle statue. Une statue ancienne de saint Pierre a été installée dans le chœur, qui provient d’une ancienne chapelle des environs, aujourd’hui disparue. Saint Pierre, revêtu d’un grand manteau bleu tient dans sa main gauche la clef du Royaume des Cieux, tandis que sa main droite bénit le peuple des croyants. Sur la tête du saint, la tiare pontificale. Son visage est envahi par une barbe noire abondante. C’est ainsi qu’on imaginait Saint Pierre autrefois. Encore dans le chœur, sur un piédestal, une statue en pierre de la Vierge Marie. En haut de la nef et à droite, contre l’arc triomphal, une Pièta en pierre polychrome, du XVIIe siècle. Le sculpteur a su montrer sur le visage de Marie l’expression d’une grande tristesse. Le corps affaissé du crucifié est très bien rendu. Une très belle pierre tombale subsiste dans le dallage du haut de la nef. Il s’agit de la sépulture d’Antoinette Martin, épouse de François de Truchis (Truchy) décédée le 26 avril 1777. Les armoiries des Truchis, surmontées d’une couronne comtale, sont bien visibles. Vitraux : Le chevet est percé d’une baie géminée qui abrite 2 beaux vitraux. A droite, la Charité saint Martin : le saint partage son habit en 2 pour en donner la moitié au mendiant. A gauche, le Christ, assis enseigne Marie, tandis que Marthe prépare le repas. Ces vitraux ont été offerts par la famille de Truchis dont les armes apparaissent en bas du vitrail de gauche. Dans le cartouche formé au-dessus des personnages, figure la devise de cette famille : Virtute et Viribus (par le courage et par la force.) Dans le chœur, de beaux vitraux à dessins géométriques. L’un d’entre eux est daté de « 1879, année du jubilé ». Ce jubilé fut proclamé par le pape Léon XIII, à l’occasion de son accession au trône pontifical. Visite extérieure L’église est bâtie sur une légère éminence au bord de la « montée Saint Martin », route menant à Pierre-de-Bresse. Deux chapelles latérales ont été accolées à l’église. Seule celle du sud-est date de la même époque flamboyante que le chœur, l’autre a été ajoutée en 1841. De même une vaste sacristie, construite en 1844 prolonge l’édifice à l’est. La nef quant à elle, a été restaurée et rebâtie en 1854. Le clocherporche, percé d’une rosace qui laisse passer la lumière du soleil couchant, a été entièrement rebâti en 1874 dans le style néoclassique, respectant l’architecture primitive. Enfin le toit vient d’être refait en 2017-2018, avec un petit carré de tuiles « bourguignonnes » vernissées.