Site du champ de bataille

Nouaillé-Maupertuis est devenue célèbre pour avoir été, en 1356, le théâtre d’un important épisode de la guerre de Cent Ans. La bataille de Nouaillé marque fortement les esprits de l’époque par le désastre, à la fois militaire, économique et psychologique, subi côté français. C’est en effet à cette occasion que le roi de France Jean II le Bon (ce qui signifie « le brave », vaillant au combat) ainsi que son quatrième fils Philippe, sont faits prisonniers et que la France s’endette lourdement pour payer la rançon.

Dans la guerre qui oppose les deux belligérants, la France apparaît pourtant a priori en position de force, plus riche et plus peuplée que son adversaire. Cependant, des prémisses de fragilité sont déjà repérables 10 ans auparavant, lors de la défaite de Crécy.

En 1356, après un épisode de trêve, le roi d’Angleterre Edouard III envoie ses deux fils en France. L’aîné, Edouard de Woodstock, Prince de Galles, surnommé le Prince noir en raison de la couleur brune de son armure, envahit et pille le Poitou. Il est à la tête d’une armée de 6000 à 8000 hommes, composée d’Anglais, de mercenaires Gascons, et d’archers gallois. Ces hommes d'origines diverses, habitués à combattre ensemble, forment une armée très mobile. A l'inverse, le roi de France doit faire appel à ses vassaux possédant leurs propres armées et qui ne sont pas toujours prompts à se joindre à lui. De plus, les chevaliers français, lourdement armés, sont peu mobiles et combattent de façon plus occasionnelle.

Mi-septembre, après avoir réussi à lever une armée d'environ 20 000 hommes, le roi de France campe aux abords de Poitiers, dans les champs de Beauvoir. Il semble certain de sa victoire. Dimanche 18 septembre, alors que Jean le Bon s'apprête à donner l’assaut, il est invité à des négociations de paix menées, au nom du pape, par le cardinal Talleyrand-Périgord

Ce dernier tente d'éviter la guerre et fait valoir La trêve de Dieu pour éviter une bataille le dimanche. Mais, dès le lendemain, les Français se lancent à la poursuite des Anglais qui, pour se protéger, s'engagent dans un maupertuis, mauvais chemin, bordé de haies et de fossés. Jean le Bon donne alors l'ordre à ses troupes de s'engager à pied sur le chemin. Avec leur armement trop lourd, et sans schéma tactique bien défini, les Français deviennent la proie des Anglais et de leurs archers. Le roi de France, ainsi que son fils de 14 ans, Philippe, sont capturés et emmenés en Angleterre. Une rançon énorme est réclamée à la France et pour s'en acquitter, une nouvelle monnaie est créée : le franc. Jean le Bon se voit également contraint d'accepter qu’un quart sud-ouest du royaume de France, dont le Poitou, devienne ainsi territoire anglais.

Si des documents retracent le déroulement de la bataille, comme les chroniques de Froissard ou la lettre du Prince noir, on ne sait en revanche strictement rien de l'influence des événements sur l'abbaye de Nouaillé.

Aujourd'hui, le site dit de la bataille, à peu de distance du bourg et du site abbatial, est avant tout un lieu de mémoire, agrémenté de lutrins explicatifs et de cartes géographiques.