Château d'Aguts

Point fort dès la construction de la bastide de Revel (1342), le château d’Aguts est répertorié dans les archives comme fief de Philippe Rigaud de Vaudreuil et de son épouse Marguerite de Bellassar en 1405. Avec Montgey et Cuq-Toulza, il fait partie de la chaîne de forteresses chargées de surveiller la plaine de Revel, la route de Castres et celle de Toulouse. De cette époque il garde l’architecture médiévale du rez-de-chaussée de l’aile Nord et, au bas de l’aile Sud, une salle des gardes ainsi qu’une rare et curieuse lanterne des morts.

Le château reste dans la propriété des Rigaud de Vaudreuil, une très ancienne et puissante famille du Lauragais, jusqu’à la fin du XVIe siècle puis est aliéné en pleines guerres de Religion aux Davessens de Saint-Rome, seigneurs protestants de Montesquieu-sur-Canal, dont la ville vient d’être conquise par les armées royales. Ayant succombé à son tour aux forces catholiques, la forteresse se transforme au fil des siècles suivants en château de plaisance. Du XVIIe date en particulier sa terrasse avec son admirable vue sur la Montagne Noire, du XVIIIe son élégante façade ouverte de multiples fenêtres. Plusieurs séquestres prononcés pendant la Révolution mettent un terme à sa magnificence, le château souffre d’un abandon progressif jusqu’à se trouver à l’état de ruine au XXe siècle. La restauration en est assurée depuis lors par les propriétaires actuels. Il a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) en 1987.

Parmi les personnages qui ont illustré la longue histoire du château, on compte Vital Rigaud de Vaudreuil et son épouse Catherine de Lauzières au début du XVIe siècle. Le couple règne sur un important domaine féodal de vingt-sept seigneuries, Vital aura participé à la victoire de Marignan et est nommé Chevalier en 1515 tandis que Catherine rédige un Journal encore présent dans la bibliothèque du château deux siècles plus tard. Un de leurs descendants, Pierre Rigaud de Vaudreuil sera gouverneur de la Nouvelle France au milieu du XVIIIe siècle. Marc-Antoine Davessens de Saint-Rome, représentant de la noblesse aux Etats Généraux de 1614 et glorieux Capitaine des forces protestantes lors des guerres de Rohan, gouverneur du Colloque du Lauragais en 1621. Paul Davessens, marquis de Saint-Rome et Gabrielle Riquet de Bonrepos, arrière-petite-fille du constructeur du Canal du Midi. Paul représente la noblesse aux Etats Généraux de 1789, lui et son épouse illustrent la résistance de l’Ancien Régime à la naissance du monde contemporain dans la tourmente révolutionnaire. Deux de leurs petites filles ont marqué notre époque : Emilie de Villeneuve, fondatrice de la Congrégation de l’Immaculée Conception (les « Sœurs Bleues » de Castres), canonisée en 2015, et sa sœur Léontine de Villeneuve célébrée par Chateaubriand dans ses « Mémoire d’outre-tombe » sous le nom de « l’Occitanienne ». Elle relatera elle-même dans ses mémoires leurs échanges littéraires de plusieurs années.