Des instituteurs héros de la Résistance

Dans la classe de l'école maternelle de Réaup-Lisse figurent deux portraits rendant hommage à deux instituteurs en poste à l'école de Réaup avant le début de la seconde guerre mondiale. Chaque année, à l'occasion des cérémonies du 8 mai, les participants sont invités à se recueillir quelques instants devant les portraits de ces deux instituteurs Morts pour la France. Nous vous proposons d'en apprendre un peu plus sur chacun d'eux.

Portrait de Maurice LASSAUQUE

Maurice LASSAUQUE est né le 18 mars 1908 à La Courtine (Creuse).
Il est le fils de Pierre, Hilaire LASSAUQUE, brigadier de gendarmerie, et de Marie Thérèse DUPONT.
Instituteur, il se marie le 11 avril 1935 à Aire-sur-l’Adour (Landes) avec Paulette MIEGEVILLE,  institutrice elle aussi, née le 7 janvier 1908 à Dax (Landes), fille d’un commis des contributions indirectes. Ils enseignent à la fin des années 1930 à Réaup (Lot-et-Garonne).
Militant socialiste SFIO, officier aviateur de réserve, Pierre LASSAUQUE est mobilisé en 1939 (il a 31 ans) comme lieutenant instructeur à l’École de l’Air de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et il est démobilisé le 25 juin 1940.
Sans doute révoqué de l’enseignement, installé à Agen au 2 rue Grande Horloge, il crée une entreprise de transport. Il entre en contact avec la Résistance et fait partie, au début de 1942, du réseau de renseignement et d'action « Brutus » des Forces Françaises Combattantes (FFC), puis de l’Armée secrète (AS) dont il devient le responsable départemental. Il porte le pseudonyme de « LE FLOCH ».
À l’instigation de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), créée le 31 janvier 1943 suite à l'invasion de la zone libre par les allemands en novembre 1942, il se crée également autour de lui un groupe militaire qui organise le premier parachutage d’armes dans le département, en août 1943, dans la région de Puymirol (Lot-et-Garonne).
Il devient par la suite le chef régional du Corps Franc Pommiès (CFP), une branche de l’ORA. Il fait partie du sous-groupement Nord, bataillon « ESTREGUIL ». Mais le 14 octobre 1943, la police allemande fait irruption chez lui : il est arrêté en compagnie de sa femme Paulette.
Emprisonné à Agen (Lot-et-Garonne) jusqu’au 15 novembre, Maurice LASSAUQUE est ensuite incarcéré à Toulouse (Haute-Garonne) où il est condamné à mort le 4 décembre par le tribunal militaire allemand de Toulouse.
Il est fusillé le 5 janvier 1944 avec neuf autres résistants ; leurs corps sont jetés dans une fosse commune (située dans le quartier de Bordelongue) qui n'est découverte qu’en septembre 1944.
Le commandant Maurice LASSAUQUE est déclaré « Mort pour la France » sur décision du Secrétaire général des Anciens Combattants en date du 11 novembre 1945.
Il est homologué commandant FFI, interné résistant et décoré, à titre posthume, de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance.
Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Monbusq (commune du Passage d'Agen, Lot-et-Garonne).
Son nom est inscrit sur les monuments aux morts d’Agen et du Passage. Il figure également à Toulouse sur le monument de Bordelongue (édifié sur l’emplacement du charnier où les Allemands ensevelirent clandestinement vingt-huit résistants fusillés à la prison Saint-Michel), ainsi qu’à Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées) sur le mémorial du Corps Franc Pommiès – 49ème R.I.

Portrait de Georges CASSAGNABERE

Georges, Léon CASSAGNABERE est né le 30 novembre 1918 à Agen, au domicile de ses parents. Il est le fils de François, Camille CASSAGNABERE, âgé de trente-six ans, sellier, et de Berthe BONIFACE, trente-cinq ans, tailleuse de robes, son épouse, domiciliés à Agen, 74 route de Cahors (Lot-et-Garonne).
Âgé de 22 ans en 1940, il est instituteur à Réaup. Il se marie dans cette commune le 3 septembre 1943 avec Georgette LAFFARGUE, née le 6 juillet 1925 à Réaup, sans profession, qui est la fille de Pierre, Henri LAFFARGUE et de Louise MOGA. Ils sont domiciliés à Réaup.
Membre du Corps Franc Pommiès, rattaché à l'Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.) qui s'intègre dans l'Armée Secrète (A.S.) en octobre 1943, Georges CASSAGNABERE participe au sein de cette grande unité de la Résistance aux combats de la Libération et à ceux de la 1ère Armée française dans les Vosges et en Alsace.
Il est lieutenant (Résistance) au 3ème bataillon « DANGOUMEAU » du Corps Franc Pommiès.
Il est déclaré « Mort pour la France » le 21 janvier 1945 au Gommkopf, commune d'Oderen (France). L'adjudant René PRUD'HOMME , officier d'état-civil du Corps Franc Pommiès a établi son acte de décès sur la déclaration du capitaine du CREST et de l'adjudant-chef Lucien PERRAD de cette même unité. Georges CASSAGNABERE est cité à l'ordre de l'armée : « Jeune officier d'un cran à toute épreuve et d'un courage exemplaire. Le 21 janvier 1945 prenait personnellement la direction d'une patrouille de contact dans la région du Gommkopf. Arrivé à quelques mètres des lisières ennemies, dépassait ses hommes pour les entraîner dans un suprême effort et trouvait une mort glorieuse en tombant sous le feu précis et ajusté de l'ennemi. ».
Il est inhumé au cimetière militaire divisionnaire de Rupt-sur-Moselle (Tombe n° D28).
Quelques jours après son décès, le 10 février 1945, le Corps Franc Pommiès quitte son statut de F.F.I. pour devenir le 49ème régiment d'infanterie.
Son épouse est avisée de son décès le 13 mars 1945 par le maire de Mézin. Son acte de décès est transmis le 21 janvier 1948 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre à la mairie de Mézin qui le transcrit le 23 janvier 1948 sur son registre d'état-civil, la mairie du lieu de naissance ayant également été avisée du décès.
Georges, Léon CASSAGNABERE est titulaire de la médaille de la Résistance.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Réaup, sur celui de Mézin et sur le Mémorial du Corps Franc Pommiès à Castelnau-Magnoac. Une avenue de Mézin porte le nom de CASSAGNABERE.


Serge EGLOFF
Conseiller municipal de Réaup-Lisse
Maire délégué de Lisse


Sources : Mémoire des hommes — Mémorial genweb – site Le Maitron – Service des archives militaires de Caen