Château

Le château de La Ferté-Imbault : un millénaire d’histoire

L’origine du château de La Ferté-Imbault remonte à la fin du Xe siècle, lorsqu’une première fortification est édifiée à un emplacement stratégique, bordé par la rivière Sauldre. Cette position idéale est choisie sous le règne de Thibault le Tricheur, comte de Blois, ou de son fils Eudes Ier. La gestion du site est alors confiée à Humbaud le Tortu, un vassal, dont le fils Geoffroy fonde la châtellenie, marquant ainsi les débuts de l’histoire du domaine.

À l’origine, le lieu se présente sans doute sous la forme d’une motte féodale, entourée de douves, avec une palissade et une tour en bois. Entre les XIIe et XIVe siècles, le fief gagne en autonomie, se détachant progressivement de la tutelle de Vierzon. Le château se développe alors : deux bâtiments flanqués de tours sont probablement construits en pierre pour renforcer la défense du bourg voisin.

Cependant, ces protections ne suffisent pas à épargner le château durant la Guerre de Cent Ans. En 1356, bien qu’aucune preuve formelle ne confirme le passage du Prince Noir à La Ferté-Imbault, la région est durement touchée par les conflits, notamment par les troupes écossaises alliées aux Français, cantonnées à Salbris.

En 1448, la maison d’Estampes fait l’acquisition du domaine. Cette puissante lignée va transformer progressivement le château médiéval en une demeure plus élégante. C’est sous Jacques d’Estampes, militaire de haut rang proche de Gaston d’Orléans, que le château subit de profondes transformations au XVIIe siècle : de nouvelles ailes sont ajoutées, les douves réaménagées, des bâtiments annexes construits (cuisines, écuries, logements de gardes), et des jardins à la française créés. L’édifice prend alors son allure actuelle, caractérisée par la brique rouge typique de la fin de la Renaissance.

À la disparition de Sophie d’Estampes en 1748, le château passe aux mains de la famille Leconte de Nonant, avant de connaître plusieurs changements de propriétaires. En 1824, l’Anglais William Lée, originaire de Leeds, en devient le nouveau maître. Il engage d'importantes transformations : une aile est démolie pour uniformiser la façade, les jardins sont redessinés selon le goût anglais, et l’intérieur est entièrement réaménagé. Ces choix architecturaux sont critiqués par l’historien Louis de La Saussaye, qui déplore la perte de l’aspect original du château.

Par la suite, le domaine est acquis par la famille Kirby, puis par Auguste Fresson en 1870, un ancien notaire devenu maire de la commune, qui modifie notamment la toiture.

En 1900, le docteur Georges Bouilly achète le château avec son épouse Alice Convert. Après sa mort, elle se remarie avec le capitaine Bouglé, qui en assure la gestion jusqu’en 1932. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par l’armée allemande. Il subit d’importants dommages en mai 1944 à la suite du bombardement du camp militaire de Michenon.

Le domaine reste dans la famille Bertrand, héritière d’Alice Convert, jusqu’en 1997. Cette année-là, l’architecte Alain Jouan en fait l’acquisition et entreprend d’importants travaux de restauration. Enfin, en 2017, le château est repris par Olivier Ojzerowicz et Geoffroy Medinger, deux chefs d’entreprise, qui poursuivent les efforts de valorisation et de préservation de ce patrimoine exceptionnel.

Source : Les Lanturelus