Lavoir des Chezeaux

A l'ère de la machine à laver, la plupart des gens pensent que toute la lessive s'effectuait autrefois autour du lavoir.  Rappelons donc comment on lavait encore le linge au début du XIXe siècle.
Tout d'abord, cette opération n'était pas fréquente. Les draps et les gros vêtements de travail pouvaient fort bien n'être lavés que deux fois par an lors de la « grande lessive », les autres pièces de linge, au mieux toutes les semaines.
L'essentiel du travail, exclusivement féminin, se déroulait à la maison ou dans la cour de la ferme. Le linge sale était disposé bien à plat dans un grand baquet de bois au fond duquel une bonde que l'on pouvait déboucher permettait à l'eau de s'écouler. Il séjournait d'abord toute une journée dans ce baquet rempli d'eau tiède.
Le jour suivant, après avoir vidé cette première eau, on tendait au-dessus du linge une grosse toile de lin. Sur ce tamis rudimentaire, on étalait une couche de cendres soigneusement réduites en poudre et provenant de bûches de chêne ou de fougères sèches que l'on avait brûlées. Cette cendre riche en carbonate de potassium, était connue depuis l'Antiquité pour son pouvoir nettoyant. On versait ensuite doucement sur cette couche des seaux d'eau chaude mais non bouillante afin de ne pas cuire les taches et on laissait tremper le linge dans cette infusion XXL jusqu'au lendemain.
Ce n'est que le troisième jour que l'on transportait à la rivière ou au lavoir, dans des paniers ou dans une brouette, le contenu du baquet. C'est là que, dans l'eau claire, chaque pièce de linge était rincée, battue, et rincée encore puis essorée et ramenée à la maison pour le séchage sur l'herbe, sur la haie ou à cheval sur une une cordelette.