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L'église

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L’église d’Etray existait en l’an 937. Etray est donc une vraie paroisse parfaitement autonome, ce qui sera contesté plus tard par la paroisse du Valdahon.

Etray est donc une très ancienne paroisse mais qui cessa de l’être en perdant son église et une partie de sa population, probablement à la suite des destructions consécutives aux guerres de Charles Le Téméraire en 1476 ; en tout cas, en 1587, Etray dépend déjà de la paroisse du Valdahon.

Vers 1730, les plaies laissées par le passage des Suédois sont tout à fait cicatrisées, le village a retrouvé sa population et se souvient que jadis il fut une paroisse. La décision est prise de se construire une église. En 1736 c’est l’inauguration, bâtiment couvert et clocher, la décoration intérieure s’échelonnera sur une trentaine d’années. Ce premier pas dans la séparation du Valdahon, contraint d’assurer une desserte, n’allait pas sans heurts. En 1740 Etray se plaint de ce que cette desserte ne leur assure qu’une messe basse, sans prédication ni catéchisme. Un procès s’engage dans lequel l’argument majeur pour Etray consiste à dire qu’il y avait bien paroisse chez eux autrefois, ce que conteste Le Valdahon en disant que la chapelle d’Etray n’a jamais pu être église paroissiale. La chapelle existait donc et son emplacement, très excentré, ne correspond pas à celui de l’ancienne église. En 1745 les offices ne se font pas encore dans la nouvelle église comme le confirme cette décision de l’archevêché. « Un prêtre résidera à Etray avec titre de vicaire amovible, desservant cette chapelle de l’Immaculée Conception, tous droits curiaux restant au curé du Valdahon. »

Dédiée aux Saints Férréol et Ferjeux, l’église possède une garniture d’autel intéressante avec statuettes d’évêques et peintures du XVIIIᵉ siècle. En 1755, un prêtre réside à Etray, le presbytère est construit en 1756, les registres paroissiaux sont ouverts en 1758. Forts de cette autonomie grandissante, les paroissiens se font tirer les oreilles chaque année parce qu’ils ne veulent pas payer les droits du curé du Valdahon, ni participer aux réparations de l’église-mère.

En septembre 1790, le Comité révolutionnaire enlève les vases sacrés de l’église. La paroisse qui possède alors 24 journaux de terres labourables, clos et chenevières, doit les mettre « à la disposition de la nation » ; mais le conseil municipal dès l’année suivante les rachète ainsi que tous les autres biens nationaux sur la commune, le tout pour 5 575 livres 18 sols. Une partie de ce terrain, soit 5 hectares environ, sera redonné ensuite par la commune à la paroisse, laquelle en est toujours propriétaire.

« Le 1er avril 1793, à 3 heures, note le registre municipal, est arrivé depuis Le Valdahon au village d’Etray une trentaine d’hommes de troupes de ligne, conduits par le citoyen Demion, lieutenant, tous armés de fusils, bayonnettes et sabres nus à la main, accompagnés et conduits par plusieurs citoyens du Valdahon. Ils ont investi le village d’Etray et forcé tous les citoyens et citoyennes qui étaient tranquillement dans leurs foyers et au devant, d’aller dans l’église d’Etray toujours menaçants de les faire fusiller. Etant dans ladite église le lieutenant Demion sur son cheval a fait mettre à genoux un officier municipal âgé d’environ 60 ans devant l’autel et le frappant avec le plat de son épée et l’ayant fait baiser terre ; il a de même roulé une femme de grand âge sous le pied de son cheval. Ils se sont fait apporter une table encre et papier et ont forcé l’officier public d’Etray à écrire un texte dans lequel il est dit qu’ils se déclarent tous aristocrates et contre-révolutionnaires et rebelles à la loi et l’ont fait signer par 44 citoyens et citoyennes ceux ayant l’usage de lettres. Ils les ont forcés à apporter pain, vin et fromage à l’entrée de l’église pour boire et manger. Ayant cassé des fenêtres et enfoncé des portes de plusieurs citoyens ils ont pillé pain, vin, viande et poules et ont mis Etray en une épouvante inconcevable. Puis les ont conduits de l’église dans le corps de garde du Valdahon, les firent mettre à genoux devant un curé constitutionnel et finalement donner 40 livres pour avoir la vie sauve. »

Malgré son prêtre résidant, Etray est toujours une annexe de la paroisse du Valdahon ; les demandes d’érection en paroisse autonome vont se succéder pendant toute la première moitié du XIXᵉ siècle, pour aboutir enfin au résultat désiré, en 1845. Etray, paroisse authentique en 1845, ne le demeurera qu’une centaine d’années, puisqu’à la mort de son dernier curé en 1956, elle sera rattachée à Epenoy.

(source : Alfred BOUVERESSE, De Cicon… à la Grâce-Dieu. Histoire des villages du canton de Vercel (Doubs), Vesoul, 1987)