L’AVENIR DE LA ZONE D’ACTIVITÉS DE LA GROSSE PIERRE ?
Publié le dimanche 16 février 2025 - Vernouillet
Interview de Pascal Collado – Maire de Vernouillet, publié dans le magazine municipal, « Le Vernolitain ».
Le Vernolitain : Monsieur le Maire, depuis près de 20 ans maintenant, la zone d’activités de la Grosse Pierre souffre d’un déficit d’attractivité sans que des actions visibles pour les Vernolitains soient constatées, que s’est-il passé ?
Pascal Collado : Bien avant mon élection en 2014, la zone d’activités était l’objet de bien des convoitises malgré une image dégradée par la présence notable de plusieurs friches industrielles et une dégradation des bâtiments et du cadre de vie global de la zone. Le projet de centre commercial « DECK 78 », initié par l’équipe municipale précédente, fut source d’une bataille juridique longue et complexe, qui a participé à paralyser toute avancée sur la zone. Dès que ce sujet a été derrière
nous, nous avons pu nous atteler à travailler de manière constructive. Toutefois, de nombreuses difficultés se dressent sur le chemin :
- Des multiples propriétaires privés qu’il faut convaincre du bienfondé du projet.
- Des contraintes réglementaires et environnementales qui impactent le potentiel de certaines zones et qui rajoutent aux délais administratifs.
- Un besoin de financement public conséquent entre l’achat des parcelles stratégiques, les études nécessaires ainsi que les travaux obligatoires pour redonner un nouveau visage à la zone.
V : Vous parliez de contraintes environnementales, mais quelles sont-elles ?
PC : L’une des principales contraintes que nous devons nous approprier est la gestion de l’eau.
En effet, nous faisons face à un territoire qui est très concerné par le plan de prévention des risques d’inondation. Les différents zonages (bleu, rouge clair , rouge foncé …) nous dictent des restrictions de construction (type de construction, activité ou logement …) qu’il faut prendre en compte dès le début !
De plus, nous disposons sur la zone de 6 points de captage d’eau, ressource précieuse sur laquelle nous devons veiller avec la plus grande vigilance. Pour protéger ces points, un périmètre de protection est instauré, interdisant toute altération des sols, et donc la construction. C’est pour cela que nous sommes entourés par des bureaux d’étude et travaillons en lien avec la police de l’eau mais aussi l’Agence Régionale de Santé pour prendre correctement en compte toutes ces données et les intégrer au mieux dans notre projet.
V : N’est-ce pas dangereux de construire des logements et de l’activité alors que nous sommes en zone inondable ?
PC : Le travail que nous menons depuis la reprise du projet d’aménagement est justement conditionné au respect de l’ensemble des règles en vigueur concernant la gestion des inondations. Certaines zones peuvent accueillir de l’activité tandis que d’autres pourront être converties pour du logement. De même, certains espaces ne pourront tout simplement plus accueillir la moindre construction pour respecter ces obligations. Ainsi, pourra se poser la question de l’avenir des ateliers municipaux, bâtiment construit sur une zone qui doit rester vierge de toute artificialisation. Nous pourrons éventuellement envisager un réservoir de biodiversité à cet endroit, lieu de promenade permettant une réouverture vers les plaines agricoles qui mènent jusqu’à la Seine !
V : Mais alors, avec toutes ces contraintes, est-il vraiment possible de redynamiser cette zone et d’en faire, enfin, un atout pour notre Ville ?
PC : Evidemment ! Nous nous y employons. Accompagnés par la Communauté Urbaine Grand Paris Seine et Oise, qui exerce la compétence « aménagement » ainsi que l’Etablissement Public d’Aménagement Mantes Seine-Aval, organisme public qui a en charge l’aménagement de toutes les zones situées dans le périmètre d’opération d’intérêt national dont j’ai déjà parlé.
Ensemble, nous œuvrons à la création d’un plan d’aménagement qui prend en compte toutes ces contraintes et tire parti, au mieux, de ces dernières pour dessiner le futur quartier qui prendra place.
V : Quels sont les principaux objectifs poursuivis par ces études ?
PC : Les études que nous menons nous ont permis, après un diagnostic approfondi du périmètre d’identifier la dureté foncière des différentes parcelles, de revoir le schéma viaire existant, d’affiner le potentiel de construction (logement et activité économique) sur la zone, de travailler sur les aménagements nécessaires à la gestion de l’eau … Toutes ces étapes sont indispensables pour dessiner un plan guide réaliste, prenant en compte les besoins de chaque acteur et permettant après de dresser un bilan financier de l’opération globale.
V : Par quel moyen allez-vous gérer l’ensemble de cette opération gigantesque ?
PC : Nous allons nous saisir d’outils à notre disposition pour emmener tous les acteurs, privés ou publics dans une dynamique partagée : Zone d’Aménagement Concertée.
V : Quand pouvons-nous espérer voir enfin les choses bouger sur le site ?
PC : Comme expliqué, les délais administratifs liés à une telle opération sont à prendre en considération. Une fois le plan guide de la zone fixée, nous pourrons le présenter à la population et amorcer le processus de création de la ZAC qui doit être validée par le Préfet. Cela peut prendre entre 12 et 24 mois. Ensuite, nous pourrons, lot par lot, travailler conjointement avec les pouvoirs publics et les propriétaires privés à faire émerger des projets qualitatifs, qui participeront à redonner ses lettres de noblesse à ce quartier.
V : Si on construit des logements, il y aura des nouveaux besoins en équipements
publics : école, loisirs … ? Est-ce prévu ?
PC : La construction de logements est un impératif à plusieurs titres : dans le cadre de l’arrivée d’EOLE sur notre territoire, il faut que nous puissions accueillir du logement, principalement collectif. Nous avons des objectifs de construction obligatoires mais aussi nécessaires pour maintenir la population de Vernouillet. En effet, si nous ne construisons pas, au rythme des décohabitations, nous ne pourrons pas offrir aux jeunes Vernolitains qui souhaiteraient rester sur leur ville de solution de logement. De plus, les projets économiques en développement vont aussi nécessiter de pouvoir proposer des solutions d’hébergement à proximité. Nous anticiperons évidemment les besoins en terme de scolarité. Sur la partie loisirs, il faut évidemment pouvoir proposer des espaces cohérents avec les besoins de la population : activité sportives, parcs de jeux … Le schéma d’aménagement des espaces publics devra forcément intégrer ces équipements indispensables à la vie de quartier que nous allons créer !
V : Et le Centre commercial dans tout cela ? Sera-t-il concerné par l’opération d’aménagement ?
PC : Au vu de l’importance du centre commercial du Val de Seine, emmené par la présence historique de Carrefour, il était impensable de penser un projet d’aménagement sans les associer. L’historique du projet de centre commercial Deck 78 a suffisamment fait attendre l’activité commerciale en vain. Aujourd’hui, il faut faire rentrer le centre commercial dans la modernité ! De plus, Carrefour a largement partagé avec la Ville son souhait de rénovation et d’extension pour faire rentrer ce magasin dans l’ère du temps. Nous travaillons avec eux à plusieurs scénarios à même de satisfaire aux obligations environnementales du site tout en offrant aux clients du centre commercial une expérience plus satisfaisante dans un cadre complètement rénové !
V : A l’entrée de la zone d’activités, le terrain occupé anciennement par l’entreprise ETEX est une vraie source d’inquiétude quant à son avenir ? Que pouvez-vous dire aux Vernolitains sur ce sujet ? PC : Après des années de discussions, nous sommes fiers de pouvoir vous annoncer sa vente à un aménageur afin de pouvoir définitivement tourner la page « Eternit » de notre territoire et de voir bientôt fleurir un parc d’activités moderne, responsable et
durable pour notre Ville. La vente du terrain est l’aboutissement de tractations et d’efforts intenses de la part de la Ville de Vernouillet pour faire bouger les lignes. Pour faire rentrer la zone d’activités et plus largement Vernouillet dans une ère de modernité post-industrielle, il était fondamental que cette friche, qui porte encore les stigmates d’une activité révolue, amorce un renouveau marqué par un aménagement qualitatif. L’expertise de l’aménageur choisi est un gage de sérieux et d’un suivi irréprochable des
obligations environnementales qui vont avec la gestion d’un tel passif. Notre fierté de voir enfin, après tant d’années, bouger les lignes sur cette zone de plus de 19 hectares est immense. C’est, pour nous, l’occasion de vous présenter, ce à quoi ressemblera le futur parc d’activités de Vernouillet.