La fontaine du Griffon

La Fontaine du Griffon, dans le bourg de Lavardac et le ravitaillement en eau.

La fontaine du Griffon était une fontaine de pierre en forme d’œuf d’où l’eau s’écoulait par 4 têtes de griffon en bronze. Erigée à Lavardac. construite en calcaire, elle état située place du Griffon. Un griffon est un animal fabuleux, avec un corps de lion, une tête et des ailes d’aigle. Il est gardien de trésors. Ici le trésor est l’eau.

La fontaine d’eau vive symbolise la source jaillissant au milieu du jardin, au pied de l’Arbre de Vie, au centre du Paradis terrestre, et se divisant ensuite en quatre fleuves coulant vers les quatre directions de l’espace. L’on faisait couler, là, l’eau d’une source voisine. Un document traite de l’utilisation de la fontaine du Griffon par les Lavardacais dans leur quotidien, au XIX° siècle

A Lavardac, le 1°Août 1849, le Maire est Jean Barrère. A peine élu, il prend les arrêtés concernant la fontaine du Griffon, précise que les contrevenants qui n’auront pas respecté la réglementation mise en place seront poursuivis par devant le tribunal de simple police pour être punis conformément aux lois. Le 5 août 1849, cette décision est adoptée par le Conseil Municipal de l’époque.

Un peu plus tard, il rappelle les lois qui, lors des époques précédentes ont géré l’exploitation des fontaines et des points d’eaux. Son compte-rendu complète les décisions précédentes. Considérant qu’il est de toute nécessité que l’usage de la nouvelle fontaine (appelée Griffon) établie sur la place de l’Hospital soit réglé de manière à ce que chaque habitant puisse en user également,

Considérant qu’il est urgent que la cuve qui reçoit le trop plein de la fontaine soit toujours garnie d’eau, soit pour abreuver les chevaux, soit pour en avoir le plus possible pour les cas d’incendie qui pourraient survenir,

De ne porter de l’eau de la fontaine appelée griffon qu’avec des cruchons ou d’autres vases n’excédant pas leur capacité. Chaque personne remplira à son tour selon l’ordre de son arrivée.

Article 2 : il ne pourra être puisé dans le bassin que quand l’eau dépassera la hauteur d’une marque établie contre le socle de la fontaine en contrebas au niveau de la banquette.

Art 3 : défenses sont faites de laver dans la cuve, par la banquette de la cuve et dans le périmètre formé par les arbres et autres objets quelconques.

Art 4 : les chevaux pourront être abreuvés dans la cuve mais d’avis aucun cocher ne pourra en conduire plus de deux à la fois devant le bassin. Il est défendu d’y conduire les grandes bêtes à cornes.

Les contraventions au présent règlement seront constatées pour ces procès verbaux et poursuivies conformément à la loi. Ce compte rendu date du 2 novembre 1849. Le maire est toujours Jean Barrère.

Cette décision concernant la fontaine du Griffon est approuvée par le sous-préfet conformément à la décision ministérielle de 1849 . Le préfet, Paul de Pruissac, avalise la décision, le 10 décembre 1849. Jean Barrère restera maire de Lavardac de 1849 à 1870. Il le sera encore de 1874 à 1876.

Les années ont passé. La question de l’eau dans un endroit habité est toujours essentielle et d’actualité.

Une recherche géomorphologique prouve que la Baïse a creusé sa vallée dans un plateau calcaire. Dans Lavardac, de nombreux puits existaient dans les habitations ou les lieux public. Beaucoup ont été fermés pour des questions de sécurité et d’hygiène. La question de l’eau était essentielle. La Municipalité a développé l’installation de l’eau et des tuyauteries, d’abord faites comme les tuiles.

A Lavardac, nous sommes dans un relief calcaire que la Baïse le traverse. Le calcaire laisse l’eau de pluie s’infiltrer. Elle est arrêtée par des couches de roches imperméables, comme l’argile.

C’est au-dessous de à la partie supérieure de la roche imperméable que se trouve la 1° nappe phréatique que les puits peuvent atteindre. Les puits étaient et sont encore dans les maisons particulières et dans les rues. Ils sont souvent obturés pour des questions de sécurité et d’hygiène.

Ailleurs, dans la campagne, c’est à ce même niveau, que se trouvent les sources. C’est là que, dans le monde rural, ont été construites les fermes. Les points d’eaux étaient indispensables pour les élevages d’alors. Certaines sources, viennent de nappes phréatiques plus profondes. 

Un habitant habite depuis longtemps rue du 8 mai 1945. Près de son habitation, vers la falaise qui domine la Baïse, existent deux sources, l’une au-delà.de la maison ; l’autre, un peu plus loin, toujours protégée d’une murette, est une grosse source, au débit presque constant et toujours abondant. Elle irriguait avant une cressonnière. Au pied de la falaise, on voyait des prés à l’herbe abondante que broutaient les vaches. Actuellement, sont plantés des acacias, des peupliers.

En 1956, en hiver, le froid était tel que les tuyaux d’eaux étaient gelés : ils n’avaient pu être enfoncés dans le sol : la roche était trop dure. L’habitant se rappelle être allé chercher de l’eau à la source la plus abondante, pour sa famille et celle de sa voisine.

Les acacias d’alors servaient au chauffage domestique et à faire des piquets de vigne. Dans la propriété, sont installés deux bâtiments datant de la 2° Guerre Mondiale, utilisés alors pour le Service du Travail Obligatoire ( STO ). L’ Histoire avait rattrapé ce paisible lieu. Lavardac garde encore des traces de ce passé où l’on essayait de résoudre le grave problème de la « bonne eau ».

L’évolution des techniques va par la suite, après la 2° Guerre Mondiale, permettre d’améliorer le ravitaillement en eau de la population de la petite ville. Même si le nouveau Griffon, après travaux, ne pourra plus fournir d’eau potable, aux habitants, et aux cyclistes de passage que leurs promenades mèneront par Lavardac.

Janine Sestacq